À Martha’s Vineyard, un habitant détient encore aujourd’hui un accessoire emblématique utilisé lors du tournage de « Les Dents de la mer », le film culte réalisé par Steven Spielberg sur l’île en 1975, devenu depuis une pièce rare et précieuse.
À Martha’s Vineyard, un habitant détient encore aujourd’hui un accessoire emblématique utilisé lors du tournage de « Les Dents de la mer », le film culte réalisé par Steven Spielberg sur l’île en 1975, devenu depuis une pièce rare et précieuse.
Une bouée, témoin inattendu d’un tournage légendaire
Difficile d’imaginer qu’après trois mois de chaos créatif sur le plateau de Les Dents de la mer, un simple objet ait pu survivre à l’épreuve du temps. Pourtant, lors de sa visite à l’exposition « Jaws: The Exhibition » au Academy Museum de Los Angeles, Steven Spielberg lui-même a eu la surprise de retrouver la fameuse bouée jaune du film — celle qui apparaît dans la scène d’ouverture. À ses yeux, rien ne semblait pouvoir échapper au sort habituel des accessoires : être utilisés puis jetés ou perdus.
Ce vestige cinématographique n’a pas été sauvé par hasard. Son histoire commence avec Lynn Murphy, figure locale de Martha’s Vineyard. Ce dernier avait aidé l’équipe de tournage en 1974, notamment en fournissant du matériel nautique et en pilotant les embarcations — y compris pour tracter le célèbre requin mécanique si capricieux. Pris d’affection ou tout simplement fier de sa contribution, Murphy a gardé précieusement cette bouée chez lui jusqu’à la fin des années 1980. C’est finalement un collectionneur passionné, Erik Hollander, qui la récupérera ensuite.
Derrière la sauvegarde, une inspiration pour le personnage de Quint
La présence durable de cette bouée ne tient sans doute pas seulement à l’intuition qu’elle deviendrait un jour mythique. Ce qui rend l’histoire plus fascinante encore, c’est que Lynn Murphy a inspiré bien plus qu’un simple geste de collectionneur. Selon le journaliste et auteur Matt Taylor, c’est en entendant la voix particulière de Murphy sur le tournage que Spielberg aurait suggéré à Robert Shaw — futur capitaine Quint — d’en adopter l’accent et le phrasé pour son rôle emblématique. Ainsi, une part discrète mais essentielle de l’âme du film s’ancre dans ce marin local devenu source d’inspiration.
L’étrange prescience des collectionneurs et la magie du septième art
Il y a quelque chose d’intrigant dans le fait que certains aient su préserver des fragments du film avant même son triomphe mondial. À l’époque du tournage, ni Spielberg, ni les studios Universal n’auraient osé imaginer que Les Dents de la mer, adapté certes d’un best-seller, mais sans fanbase comparable à « Harry Potter » ou « Twilight », deviendrait le blockbuster fondateur que l’on connaît aujourd’hui. Comme le confiait récemment Spielberg à propos de cet accessoire : « Comment quelqu’un a-t-il su garder cette bouée et la conserver pendant cinquante ans ? »
Pour les visiteurs émerveillés devant cette relique exposée parmi scripts annotés, storyboards griffonnés ou caméras fatiguées par le sel marin, une évidence s’impose. Une bouée peut sembler banale… sauf quand elle porte en elle toute la mémoire vivace et collective d’une œuvre devenue légende. Voilà pourquoi les accessoires rescapés fascinent autant : ils témoignent du lien indissoluble entre magie du cinéma et traces matérielles — parfois modestes — qui nous relient encore à ses grandes histoires.
Source originale: www.begeek.fr